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Jessica
a mis un temps fou à choisir.
– Parce
que le type, c’est sûr qu’il va morfler. Il va payer pour
Sylvain. Alors je veux pas me planter. …
Elle
épluchait tout, s’arrêtait au moindre détail.
– Il
met « d’un naturel enjoué » et, un peu plus loin,
« sérieux et réfléchi » Ça va pas trop ensemble, ça,
non ?
– Mais
qu’est-ce tu te prends la tête ? Ils se vendent. Ils mettent
n’importe quoi pour attirer l’attention. Pour essayer de sortir
du lot. Ça n’a aucun intérêt ce qu’ils racontent.
– Elle
a raison. Évidemment qu’elle a raison. À la limite, tu tirerais
au sort que ça reviendrait pratiquement au même.
Elle
a fini par jeter son dévolu sur un type qui se disait décorateur et
en passe de partir s’installer aux Antilles. Dès qu’il aurait
trouvé la femme de sa vie.
Pauline
m’a lancé un regard affligé.
– Eh
ben, ça promet !
Elle
passait des soirées entières au téléphone avec lui.
– En
douce qu’il est hyper intéressant à parler, les filles ! Si,
c’est vrai, hein ! Il connaît des tas de choses. Il a
énormément voyagé. Et puis, c’est pas le genre de mec qui la
ramène. Pas du tout !
On
s’inquiétait derrière son dos.
– Tu
paries qu’elle est encore en train de tomber amoureuse ?
– C’est
en train de se passer exactement comme ça s’est passé avec
Sylvain,.
– Je
mettrais pas ma main au feu qu’elle s’en soit complètement
détachée de celui-là, d’ailleurs.
Pour
le rencontrer, elle s’est mise sur son trente-et-un. Coiffeuse.
Esthéticienne. Et s’est décidée, après de longues hésitations,
pour son ensemble vert.
– Ça
fait à la fois habillé et pas trop.
Il
était en retard. D’une bonne demi-heure.
– Ça
commence bien !
– Oh,
mais parti comme c’est, elle va pas lui en tenir rigueur.
Un
type couleur muraille. Avec lequel elle est restée deux heures à
discuter.
Sur
les talons duquel, quand il l’a quittée, on s’est bravement
lancées.
– Oh,
merde !
Il
venait d’enfourcher un vélo. Et de disparaître, en zigzaguant, au
milieu des voitures.
Elle
était sur un petit nuage.
– À
vélo ? Ça m’étonne pas de lui. Ça colle tout-à-fait au
personnage. Qu’est génial. Absolument génial. Ah, tu t’ennuies
pas avec lui. Pas un seul instant. Et puis alors, non, mais vous
imaginez, les filles, qu’on aille habiter tous les deux à la
Martinique ? Ou à la Guadeloupe ? Vous viendrez me voir,
hein ?
– On
te rappelle quand même qu’au départ, l’opération consistait à…
– Oh,
mais il est pas marié ! Alors là, lui, je suis sûre et
certaine qu’il est pas marié.
– On
verra…
– Oui,
oh, ben alors là, c’est tout vu.
– Elle
est mal barrée, on dirait !
– C’est
le moins qu’on puisse dire.
Il
fallait prendre les choses en mains. Qu’on l’oblige à se
dévoiler, le type. Avant qu’il soit trop tard. – Tu le fais
ou je le fais ?
– On
le fait toutes les deux. Ce sera encore mieux.
Et
on l’a contacté sur le site. À quelques heures d’intervalle. Il
s’est empressé de répondre. Une longue tartine à chacune. Des
échanges de mail s’en sont tout aussitôt suivis.
– Il
préfère les brunes.
– Ben,
oui ! Il a vu ton profil. Non, avec moi, c’est les blondes
qu’il préfère.
– Il
adore lire.
– Il
a horreur de ça.
– Et
n’écoute que de la musique classique.
– Pas
du tout. Il n’aime que le rap.
– Il
veut m’emmener vivre en Afrique.
– Et
moi, à New York.
– T’es
sûre qu’il va pas finir par s’emmêler les pinceaux ?
– À
force de faire, il y a toutes les chances, oui.
On a
hésité à le rencontrer.
– Oui,
mais si ! Que Jessica sache vraiment à quoi s’en tenir.
Je
me suis profondément ennuyée une demi-heure durant. À l’écouter
enfiler des banalités les unes derrière les autres. Quant à lui,
il était enchanté. « Quel merveilleux moment on a passé !
On se revoit bientôt, hein ! »
Pauline,
quant à elle, l’a vu le lendemain.
– Sûr
qu’il est lourd ! Mais j’ai pas perdu mon temps. Il avait
posé les papiers de sa voiture sur la table, devant lui…
– Donc,
il roule pas qu’à vélo…
– Et
quand il est parti aux toilettes… Bref. La carte grise est au nom
de sa femme.
– Et,
du coup, t’as ses coordonnées. Génial !
Jessica
voulait pas y croire.
– Un
rendez-vous avec lui ? À tour de rôle. Non, mais vous m’en
poussez une grosse, là. C’est vraiment pas le genre à ça.
Il a
fallu lui montrer mails et SMS.
– Non,
mais j’hallucine ! J’hallucine complètement. Mais pourquoi,
les filles ? Pourquoi je tombe systématiquement sur des mecs
complètement tordus ?
– Parce
que la plupart des mecs le sont, tiens, pardi !
– Oui,
ben je vais m’occuper personnellement de son cas. Vous me le
laisserez, hein ? C’est moi qui vais opérer.
– Sans
problème. Fais-toi plaisir.
Elle
a loué un petit appart à la journée.
– Tant
qu’à faire ! Qu’on soit tranquilles.
Où
elle a voulu être d’abord seule avec lui.
– Qu’il
ait l’impression que tout baigne. Que ça va se passer comme il
l’entend. Et puis vous vous pointerez. L’une après l’autre. À
un petit quart d’heure d’intervalle.
Quand
je suis arrivée, ils étaient assis tous les deux, côte à côte,
sur le canapé. Il lui tenait la main.
– Chloé !
Mais qu’est-ce que tu fais là ?
– Ben,
et toi ? Et avec mon Benjamin en plus !
– Comment
ça, TON Benjamin ? Jusqu’à preuve du contraire, c’est le
mien.
– Mais
jamais de la vie enfin ! Mais dis-lui, toi ! Dis-lui !
Qu’on doit partir. Que tu vas m’emmener en Afrique. Tout ça !
– C’est-à-dire
que…
– Que
quoi ?
– C’est
un malentendu.
– Explique
alors !
C’est
le moment qu’a choisi Pauline pour arriver.
– Bonjour,
tout le monde ! Ça va comme vous voulez ?
Il
nous a regardées toutes les trois, tour à tour, d’un air effaré.
Il s’est levé, sans un mot, dirigé tout droit vers la porte.
– Eh,
où tu vas comme ça ? Attends ! Attends ! Ta femme va
arriver.
Il
s’est littéralement statufié sur place.
– Ma
femme ?
– Mais
oui, ta femme ! Alyssia. On sera au grand complet comme ça.
– À
moins qu’il en ait encore d’autres ailleurs.
– Ce
qu’est pas impossible.
– Eh
ben, réponds, toi ! T’en as d’autres ?
– Oui.
Non. C’est-à-dire…
– Qu’il
y en a tellement que t’arrives même plus à les compter. C’est
ça ?
Il a
roulé des yeux horrifiés.
– Ma
femme…
– Ne
va pas te tomber dessus, n’aie pas peur ! Par contre, on va
aller la trouver, toutes les trois, dès ce soir, et la mettre au
courant. Ça, tu n’y couperas pas. À moins que…
– Combien
vous voulez ? Je vous donnerai. Tout ce que vous voulez.
– Non,
mais écoutez-le ! Ah, c’est que ça va tourner vinaigre,
hein, si bobonne apprend tout ça. Mais on en a rien à foutre de ton
pognon. C’est pas ça qu’on veut.
Jessica
a confirmé.
– Non,
c’est pas ça.
Elle
a détaché sa ceinture, l’a fait claquer en l’air.
– C’est
que tu nous offres quelques petites compensations. Qu’est-ce t’en
dis ?
Rien.
Il n’en disait rien. Absolument rien. Il contemplait ses godasses.
– C’est
ça ou, ce soir, faudra que tu règles le problème directement avec
elle. Ce qui ne sera manifestement pas une partie de plaisir. T’as
vingt secondes pour te désaper. Pas une de plus, sinon…
Il
n’a pas protesté. Il n’a pas cherché à discuter non plus. Il
s’est exécuté.
– Garde
tes chaussettes. T’es plus cake comme ça.
Elle
lui a fait signe d’aller s’agenouiller au bord du canapé. Et
elle a cinglé. Vigoureusement. De là où on était, Pauline et moi,
on avait une vue imprenable sur ses fesses qui se soulevaient et
s’abaissaient, s’ouvraient et se fermaient en cadence. Sur ses
coucougnettes qui ballottaient entre elles. Elle tapait.
Méthodiquement. Inlassablement. Sa croupe, l’arrière de ses
cuisses se couvraient de zébrures rosées du plus bel effet. La tête
enfouie dans les coussins, les bras en croix, il gémissait sans
discontinuer.
Elle
s’est arrêtée d’un coup.
– Dégage !
On t’a assez vu.
Tout
juste s’il a pris le temps de se rhabiller. Et il a détalé.
Jessica
a remis sa ceinture.
– Ah,
ça fait du bien. Ça soulage.
Pauline
s’est redressée.
– Quand
même il y a un truc qui m’inquiète sacrément, moi, les filles !
C’est que plus ça va et plus j’y prends goût à tout ça.
– Ce
qui tombe bien. C’est à nouveau ton tour.
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