dimanche 9 août 2015

Studieuses vacances: récit de Mademoiselle Lancel (8)

– Tu n’as rien à me dire ?
Il a fait mine de chercher, sourcils froncés…
– Non, je vois pas, non…
– Réfléchis bien ! Il s’est pas passé quelque chose samedi soir ?
– Samedi soir ? Ah, si, oui ! J’ai fait le con…
– C’est-à-dire ?
– Oh, ben, toujours le même truc…
– En pire… T’étais complètement saoul…
– Oui… Non, mais c’est parce que…
– Il y a pas de « mais » ni de « parce que » qui vaille… Tu n’as aucune excuse… Et alors ? Le résultat de tout ça ?
– Ben, elle a pas apprécié Émilie…
– Mais encore ? Ce que ça peut être agaçant d’être obligée de t’arracher les mots un par un comme ça !
– Elle a profité de ce que j’étais allongé et à moitié dans les vaps pour me mettre une fouettée au martinet…
– Qui s’est avérée très efficace à ce que je me suis laissé dire… Parce que… Elle remonte à cinq jours cette petite correction… Et tu n’as pas remis depuis une seule fois les pieds au café… Tu passes toutes tes soirées avec elle…Tu files doux… Et ma chérie par ci… Et ma chérie par là… Tu te mets en quatre pour lui faire plaisir… Elle est aux anges… Comme quoi si on veut obtenir de toi que tu te comportes en adulte mature et responsable il n’y a pas trente-six solutions… La manière forte… Non ? Tu n’es pas de cet avis ?
– Je sais pas… Je…
– Mais si, tu sais ! Tu sais même très bien… Et tu sais que c’est pas gagné… Que la route sera encore longue… Très longue… Qu’il te faudra encore en recevoir en quantité des fessées… Tiens, par exemple… Elle t’avait pas demandé quelque chose Émilie ?
– Si !
– Et c’était quoi ?
– De vous raconter, le plus tôt possible, ce qui s’était passé samedi…
– Ce que tu n’as pas fait… Et, quand elle t’a posé la question, tu as pourtant prétendu que si… Que j’étais au courant… Tu m’as même prêté des propos que je n’ai jamais tenus… Alors tu sais ce que tu vas faire ? Et sur le champ… Tu vas aller lui avouer ton mensonge… Et lui demander de bien vouloir te punir en conséquence… Allez ! File !

– Alors ?
– Trente coups elle a dit que ça valait…
– Qu’elle t’a donnés ?
– Oui… Et elle m’a dit de venir vous montrer…
Et, sans plus attendre, il m’a tourné le dos… A baissé son pantalon…
– Hola ! Mais c’est qu’elle a pas fait semblant…
– À qui le dites-vous !
– Elle y prend goût, c’est clair… Bon, mais c’est pas plus mal… Pour toutes sortes de raisons… Tu n’en progresseras que beaucoup plus vite, tu verras…
– Il y a autre chose aussi…
– Quoi donc ? Je t’écoute…
– Elle m’a dit de vous dire que sa copine Lisa était là… Qu’elle a assisté…
– Ah, ben tu vois… Il y a du mieux… Beaucoup de mieux… Tu deviens docile… Obéissant… Tu es sur la bonne voie… Tu commences à réaliser que, tout seul, tu n’arriveras jamais à rien… Ce ne sera que bêtise sur bêtise… Échec sur échec… Il faut, dans ton propre intérêt, que quelqu’un te prenne en mains… Te remette en permanence – patiemment – sur les rails… Ce sera Émilie… Elle a toutes les qualités nécessaires pour y parvenir… Et, au premier chef, une autorité naturelle qui fascine les natures comme la tienne… Devant laquelle elles finissent toujours, subjuguées, par s’incliner… Je lui fais entièrement confiance… À elle de jouer maintenant… De s’occuper de toi…Moi, je me retire… Sur la pointe des pieds… Bonne route à vous deux…
– Oui, mais avant… Elle m’a demandé… Le martinet… Celui dont vous vous serviez… Si vous pouviez… Elle le voudrait…
– Le relais en quelque sorte… Va le chercher… Derrière toi… Le premier tiroir…

                                                                  FIN

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