– Tu
n’as rien à me dire ?
Il a
fait mine de chercher, sourcils froncés…
– Non,
je vois pas, non…
– Réfléchis
bien ! Il s’est pas passé quelque chose samedi soir ?
– Samedi
soir ? Ah, si, oui ! J’ai fait le con…
– C’est-à-dire ?
– Oh,
ben, toujours le même truc…
– En
pire… T’étais complètement saoul…
– Oui…
Non, mais c’est parce que…
– Il
y a pas de « mais » ni de « parce que » qui
vaille… Tu n’as aucune excuse… Et alors ? Le résultat de
tout ça ?
– Ben,
elle a pas apprécié Émilie…
– Mais
encore ? Ce que ça peut être agaçant d’être obligée de
t’arracher les mots un par un comme ça !
– Elle
a profité de ce que j’étais allongé et à moitié dans les vaps
pour me mettre une fouettée au martinet…
– Qui
s’est avérée très efficace à ce que je me suis laissé dire…
Parce que… Elle remonte à cinq jours cette petite correction… Et
tu n’as pas remis depuis une seule fois les pieds au café… Tu
passes toutes tes soirées avec elle…Tu files doux… Et ma chérie
par ci… Et ma chérie par là… Tu te mets en quatre pour lui
faire plaisir… Elle est aux anges… Comme quoi si on veut obtenir
de toi que tu te comportes en adulte mature et responsable il n’y a
pas trente-six solutions… La manière forte… Non ? Tu n’es
pas de cet avis ?
– Je
sais pas… Je…
– Mais
si, tu sais ! Tu sais même très bien… Et tu sais que c’est
pas gagné… Que la route sera encore longue… Très longue…
Qu’il te faudra encore en recevoir en quantité des fessées…
Tiens, par exemple… Elle t’avait pas demandé quelque chose
Émilie ?
– Si !
– Et
c’était quoi ?
– De
vous raconter, le plus tôt possible, ce qui s’était passé
samedi…
– Ce
que tu n’as pas fait… Et, quand elle t’a posé la question, tu
as pourtant prétendu que si… Que j’étais au courant… Tu m’as
même prêté des propos que je n’ai jamais tenus… Alors tu sais
ce que tu vas faire ? Et sur le champ… Tu vas aller lui avouer
ton mensonge… Et lui demander de bien vouloir te punir en
conséquence… Allez ! File !
– Alors ?
– Trente
coups elle a dit que ça valait…
– Qu’elle
t’a donnés ?
– Oui…
Et elle m’a dit de venir vous montrer…
Et,
sans plus attendre, il m’a tourné le dos… A baissé son
pantalon…
– Hola !
Mais c’est qu’elle a pas fait semblant…
– À
qui le dites-vous !
– Elle
y prend goût, c’est clair… Bon, mais c’est pas plus mal…
Pour toutes sortes de raisons… Tu n’en progresseras que beaucoup
plus vite, tu verras…
– Il
y a autre chose aussi…
– Quoi
donc ? Je t’écoute…
– Elle
m’a dit de vous dire que sa copine Lisa était là… Qu’elle a
assisté…
– Ah,
ben tu vois… Il y a du mieux… Beaucoup de mieux… Tu deviens
docile… Obéissant… Tu es sur la bonne voie… Tu commences à
réaliser que, tout seul, tu n’arriveras jamais à rien… Ce ne
sera que bêtise sur bêtise… Échec sur échec… Il faut, dans
ton propre intérêt, que quelqu’un te prenne en mains… Te
remette en permanence – patiemment – sur les rails…
Ce sera Émilie… Elle a toutes les qualités nécessaires pour y
parvenir… Et, au premier chef, une autorité naturelle qui fascine
les natures comme la tienne… Devant laquelle elles finissent
toujours, subjuguées, par s’incliner… Je lui fais entièrement
confiance… À elle de jouer maintenant… De s’occuper de
toi…Moi, je me retire… Sur la pointe des pieds… Bonne route à
vous deux…
– Oui,
mais avant… Elle m’a demandé… Le martinet… Celui dont vous
vous serviez… Si vous pouviez… Elle le voudrait…
– Le
relais en quelque sorte… Va le chercher… Derrière toi… Le
premier tiroir…
FIN
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