Je
n’y avais pas pensé… Pas une seule seconde… Ni pendant qu’elle
« officiait » ni avant… Je ne me serais pas laissé
faire sinon… Sûrement pas… C’est sur le chemin du retour que
j’ai soudain réalisé… Émilie ! Pas question qu’elle se
rende compte de l’état de mon derrière… Ah, non alors !
J’en mourrais de honte… Sauf que… j’allais faire comment ?
Parce qu’elle rentrait tout juste de vacances Émilie… Et qu’elle
était très demandeuse… Faire ça sans me déshabiller ? Elle
allait se poser dix mille questions… M’en poser quinze mille…
Et finirait par vouloir aller voir elle-même de quoi il retournait
au juste… Insisterait jusqu’à avoir gain de cause… Ou agirait
par surprise… C’était beaucoup trop risqué… Non, la seule
solution…
– Écoute,
Émilie… Faut qu’on parle…
– J’aime
pas quand tu prends ton air sérieux comme ça… C’est quoi le
problème ? Tu m’aimes plus, c’est ça ? T’en as une
autre ?
– Oh,
tout de suite !
– C’est
quoi alors ?
– C’est
que si je vais en pension en Suisse à la rentrée on pourra plus se
voir… Ou alors que tous les tournants de lune…
– Je
sais bien, oui…
– Et
je ne pourrai échapper à la pension que si Mademoiselle Lancel est
satisfaite de moi… Que si elle estime que j’ai fait suffisamment
d’efforts… Sinon… Et je connais mes parents… Ils se
montreront inflexibles…
– Oui…
Bon… Et alors ?
– Et
alors elle était furieuse après moi aujourd’hui… Et si ça se
reproduit, je donne pas cher de ma peau…
– Qu’est-ce
t’es en train d’essayer de me dire, là ? Que c’est moi
qui t’empêche de travailler ?
– Reconnais
que si j’ai rien fichu ce matin…
– C’est
de ma faute ! Mais bien sûr !
– Quand
on est ensemble on passe tout notre temps au lit… On peut pas
s’empêcher… Alors forcément…
– C’est
quoi que tu proposes du coup alors ? Qu’on se voie plus ?
– Mais
non… Non… Bien sûr que non… Mais seulement quand je serai à
jour du boulot qu’elle me donne… Que je courrai pas de risque…
Et toi non plus par contre-coup…
– Mouais…
Mouais…
Elle
a fini par se laisser convaincre… Non sans mal…
– Mouais…
Mouais… Et quand est-ce qu’on se voit alors, la prochaine fois ?
– Dans
deux-trois jours… Je te ferai signe… Je te dirai…
Oui…
Dans deux-trois jours… Elles auront disparu les marques…
Sûrement…
Trois
jours, c’est effectivement le temps qu’il a fallu pour qu’elles
disparaissent complètement les marques… On allait pouvoir se voir
avec Émilie… On allait pouvoir… Le soir même… J’allais
l’appeler… Lui donner le feu vert… Sauf que l’après-midi…
– Alors
ça t’a pas suffi ? Tu recommences ?
– Hein ?
Ah, mais non, non… Je…
– Bien
sûr que si ! C’est nul ce que t’as fait là… Il y a
longtemps que t’avais pas fait quelque chose d’aussi nul… Tu
sais ce que ça signifie…
– Oh,
non !
– Bien
sûr que si ! Et je sais vraiment pas pourquoi tu t’obstines à
protester… À chaque fois… Parce que tu sais bien que de toute
façon tu n’y couperas pas…
Je
me suis bravement lancé…
– Oui,
mais ma copine…
– Quoi,
ta copine ?
– Ben,
je vais pas pouvoir avec elle… Je veux pas qu’elle s’aperçoive…
– Oui…
Ben, c’est pas plus mal… Ça te permet de te consacrer à
l’essentiel… De toute façon cette fille t’a causé
suffisamment de tort comme ça, non, tu crois pas ?
– Émilie ?
Oh, non… Non…
– Ben,
voyons ! T’as complètement raté ton année scolaire à cause
d’elle… Rien que ça ! Et t’as le front de venir me dire…
Bon, mais de toute façon, si je parviens à t’éviter la pension,
il va falloir régler ce problème… D’une façon ou d’une
autre… Les mêmes causes produisant les mêmes effets… Pas
question qu’elle continue à te perturber tes études… Mais
chaque chose en son temps… En attendant tu te déshabilles…
– Ça
peut pas attendre demain ?
– C’est
hors de question…
– Oh,
s’il vous plaît…
– J’ai
dit : Tu te déshabilles…
Je
me suis exécuté…
– Approche !
Tu sais bien comment ça se passe… Tu commences à avoir
l’habitude… Là… Installe-toi bien… Ça risque d’être un
peu long aujourd’hui… Il faut que ça marque… En profondeur…
Puisque c’est le seul moyen pour que tu te consacres vraiment à
ton travail…
Ça
a été long… Et ça a marqué…