– Ho là,
Nollwen… T’as un petit air ravi qui en dit long…
– C’est
trop génial, attendez ! Vous savez ce que j’ai fait ? Ça m’a prise
comme ça d’un coup… À minuit vendredi j’y ai déboulé chez lui… Et carillonné
comme une sauvage… Il m’a ouvert, hirsute, l’air complètement ahuri… « Ah,
c’est toi ! Qu’est-ce qu’il y
a ? Qu’est-ce qui se passe ? » « Rien… Enfin, si !
J’ai besoin de vous… Faudrait que vous m’emmeniez en boîte… » « À
cette heure-ci ! » « Ben oui, à cette heure-ci, oui… Ça vaut pas
le coup avant… Il y a jamais personne… » « Mais je suis… »
« En pyjama, oui, j’vois… Je suis pas aveugle… Eh ben allez vous
habiller ! »
– Et il y
est allé ?
– En
direct…
– T’as
vraiment pris l’ascendant dessus, dis donc !
– Je crois,
oui… Mais ça a pas été bien difficile… Il attendait que ça…
– Et que ce
soit toi…
– Ça fait
pas l’ombre d’un doute… Quand on voit ce qu’il a écrit… N’empêche que par
moments je me dis…
– Que ça a
été beaucoup trop facile…
– Oui, dans
un sens… J’aurais préféré…
– Avoir à
triompher de tout un tas de résistances…
– Voilà,
oui… Oh, mais c’est bien agréable quand même…
– Et ça te
permet de te faire les dents… Tu vas sûrement pas tarder à trouver plus
consistant…
– Vous
croyez ?
– T’as la
moëlle pour ça… Bon, mais chaque chose en son temps… Donc t’as emmené Bastien
en boîte…
– Ah, non…
Non… IL m’a emmenée en boîte… Nuance… Et il est resté dans la voiture à
m’attendre… Oh, mais pas à rien faire… Je lui ai collé du papier, un stylo et je
l’ai mis au boulot ! Il va me pondre un roman puisqu’il aime tant écrire… Il
a le titre « Prisonnier des Cythriennes »… Et la trame… À lui de se
débrouiller avec ça… Et il y a intérêt à ce que ça me plaise parce que sinon…
– Sinon ?
– Je sais
pas encore… Je verrai bien… Mais enfin, pour le moment, il s’en sort pas trop
mal… J’ai pas à me plaindre… Deux chapitres il y a déjà… Qu’il a écrits sur le
parking de la boîte en m’attendant…
– Ce qui
veut dire que tu l’as fait poireauter un sacré moment…
– Jusqu’à
la fermeture… À six heures… Non, mais attendez ! Sur un mec mignon comme
tout j’étais tombé… Qui dansait comme un dieu en plus… J’allais pas laisser
passer l’occasion…
– Et ça l’a
fait…
– Un peu
que ça l’a fait… Chez Bastien je l’ai ramené… Bastien dont on s’est servis
comme taxi… Et que j’ai pas laissé monter… J’avais pas besoin de lui par les
pieds, attends ! Pour qu’il soit là, derrière la porte, à espionner et à
en profiter ! Merci bien !
– Il est
allé où ?
– J’en sais
rien où il est allé… Où il a voulu… J’en avais rien à battre… Je voulais avoir
la paix…
– Et tu l’as
eue…
– Un peu
que je l’ai eue… Tout le samedi… Tout le dimanche… De tout le week-end il s’est
pas pointé… Ça nous a laissé complètement le champ libre avec Ugo… Pour en
profiter on en a profité… Ça !
– Tu l’as
revu que lundi au boulot alors du coup…
– Et je lui
ai fait aussi sec la gueule…
– Hein ?
Mais pourquoi ?
– Comme ça…
Sans raison… Parce que j’avais envie…
– Et lui ?
– Il s’est
écrasé… Il avait intérêt… Alors là !
– Il a pas
cherché à savoir ce qui se passait ?
– Non… Pas
tout de suite… C’est moi qui, au bout d’un moment, ai explosé… « Ah, bravo !
Bravo ! Vous pouvez être fier de vous ! » « Mais qu’est-ce qu’il
y a ? Qu’est-ce que je ? » « Et il demande ce qu’il y a !
Faites bien l’innocent… En plus ! » « Mais non, je t’assure, je… »
« Ben voyons ! Je vous laisse un quart d’heure pour passer aux aveux…
Pas une minute de plus… »
– Il devait
être mal…
– Plutôt,
oui… Mais il a fini par cracher le morceau… « Le rétroviseur… » « Le
rétroviseur, oui… Eh bien je vous écoute… »
– Le
rétroviseur ?
– Oui… Tout
le temps qu’il nous a trimballés dans sa voiture il a pas arrêté de nous mater
dedans ce salaud… Comme quoi j’ai bien fait de pas le laisser monter…
– Et tu l’as
puni…
– Ah, oui,
alors ! Des baffes… Une orgie de baffes… Et pas des petites…
– Seulement
des baffes ?
– J’adore…
Le reste on verra plus tard… J’ai tout mon temps…
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