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– On
s’en trouve un autre ?
– Oh,
oui, oui. Je me suis trop régalée, moi ! Comment il était mal
à l’aise, le type !
– Faut
dire qu’il y avait de quoi !
– Tu
vas quand même pas le plaindre !
– Ah,
ça, non ! Il y a pas de risque. Parce que, pour dire qu’il se
fout allègrement de sa bonne femme, sans compter les autres nanas, à
qui il fait miroiter monts et merveilles pour arriver à ses fins,
une fessée, c’est vraiment pas cher payé.
– Bon,
ben on remet ça alors ? À qui le tour ? Chloé ?
À
mon tour. J’ai passé la soirée et une bonne partie de la nuit à
éplucher une multitude de profils pour finalement arrêter mon
choix, après bien des hésitations, sur un type qui se la jouait à
l’original forcené. Ce qui m’a déterminée, c’est l’envie
de voir ce qu’il y avait vraiment derrière. Une véritable
personnalité ou un individu falot cherchant à donner l’illusion
de ce qu’en réalité il n’était pas.
Les
filles se sont montrées dubitatives.
– T’es
sûre de ton coup, là ?
– Ça
coûte rien d’essayer.
– J’ai
bien peur qu’on perde notre temps.
Au
vu de nos premiers échanges, par mail comme par téléphone, j’étais
pas loin de leur donner raison. Il éludait toutes mes questions,
s’en tirait, chaque fois, par une pirouette ou une plaisanterie.
Bref, il me filait entre les doigts. Tant et si bien que c’est moi
qui ai fini par lui proposer une entrevue. Pour en avoir le cœur
net.
Il
était beau gosse. Souriant. Séducteur dans l’âme. Et jeune. Très
jeune. Pas plus de vingt-quatre ou vingt-cinq ans.
Pauline
et Jessica, qui l’avaient observé, de dehors, n’en revenaient
pas.
– Tu
te demandes ce qu’un type comme ça fout sur un site de rencontres.
– Il
est pas marié, si ça se trouve.
– Ben
ouais, parce qu’au début, ils la trompent pas, leur femme. C’est
après que ça les prend.
– Tu
vas voir que ce mec, avec un peu de chance, tu vas faire ta vie avec.
Ce serait quand même fou, ça, non ?
– De
quoi vous avez parlé ?
– De
rien en fait. Strictement rien. Dès que ça devient un peu sérieux,
il prend des chemins de traverse. Et il plaisante. Il arrête pas de
plaisanter. À mon avis, c’est le genre de mec qu’est convaincu
que, pour mettre une femme dans son lit, il faut la faire rire.
– C’est
quoi, son boulot ?
– Si
je vous dis que j’ai pas réussi à le lui faire cracher, vous
allez me croire ?
– C’est
comme pour savoir où il habite. Ça va pas être simple. Il a pris
le métro. Et là, on l’a perdu de vue quasiment tout de suite.
À
la deuxième rencontre, je l’ai laissé causer, causer et encore
causer et puis, d’un coup, j’ai attaqué bille en tête.
– Qu’est-ce
tu veux en fait ?
Il
s’est troublé.
– Comment
ça ?
– Ben,
je sais pas. Tu parles pour ne rien dire. Tu brasses du vent. Tu
cherches pas à ce qu’on fasse vraiment connaissance. Alors moi, ce
que je me demande, c’est ce que tu peux bien fabriquer sur un site
de rencontres. Je te plais pas ? Tu me trouves trop âgée par
rapport à toi. Dis-le carrément. J’en ferai pas une maladie.
– Mais
non, c’est pas ça.
– C’est
quoi alors ?
– Non,
rien. Je suis con. Laisse tomber ! Vaut mieux qu’on s’en
tienne là.
– T’es
marié, hein, en fait !
Il
m’a lancé un regard stupéfait.
– Comment
tu le sais ?
– T’es
marié. Et t’as à la fois envie et pas envie d’aller voir
ailleurs. Alors tu te jettes à l’eau, mais, en même temps, tu
freines des quatre fers. Tu te débrouilles pour que ça marche pas.
Pour que la nana, elle t’envoie sur les roses. Parce que tu
culpabilises. C’est pas vrai ce que je dis là ?
– J’aime
ma femme.
– Ce
qui, pour le moment, te retient de la faire cocue, mais dans un an,
dans deux ans, quand la passion se sera affadie, quand la routine se
sera installée, tu la tromperas allègrement.
– Je
sais pas. Je…
– Bien
sûr que si ! Et tu foutras ton couple en l’air. Parce qu’un
jour ou l’autre, elle l’apprendra. Et elle le supportera pas.
Alors peut-être que la solution, ce serait d’allumer tout de suite
des contre-feux. Que je la mettre au courant. Tu n’es pas encore
passé à l’acte. Elle se montrera indulgente…
– On
voit que tu la connais pas.
– Par
contre, elle te placera sous haute surveillance, oui, ça, sûrement.
– Tu
peux pas la prévenir n’importe comment. Tu la connais pas.
– J’ai
ton nom. Et je sais où t’habites. Tu jacasses tellement dans tous
les sens que tu ne t’es seulement pas rendu compte que tu te
trahissais tout seul. Comme un grand.
– Je
suis mort, quoi !
– Quand
on joue avec le feu… Oh, mais fais pas cette-là ! Je suis pas
un monstre. Je vais rien lui dire à ta dulcinée.
Son
visage s’est éclairé.
– Oh,
merci ! Merci !
– Non.
Je vais te proposer, à la place, une peine de substitution.
Et
aussitôt rembruni.
– Comment
ça ?
– Ben
oui, reconnais avec moi qu’on ne peut pas, dans ton intérêt, ne
pas marquer le coup. Il y a eu faute. Il faut qu’il y ait sanction.
Sans compter que, comme ça, tu sauras, à l’avenir, que le moindre
petit coup de canif dans le contrat peut te retomber à tout moment
sur le coin de la figure. Sans crier gare.
– Ça
va être quoi ?
– Une
fessée…
– Une
fessée, mais…
– Tu
as quel âge ?
– Vingt-deux.
– Oui,
ben t’es encore en âge d’en recevoir. En plus, ça te fera un
bien fou, tu verras. Tu te sentiras beaucoup mieux après. Parce que
t’auras payé ta dette.
Je
me suis levée.
– Je
t’attendrai samedi. À quatre heures. À cette adresse.
Il a
pris la carte. S’est levé à son tour.
– Et
tâche de pas oublier. Sinon, une heure après, ta femme est au
courant.
À
quatre heures tapantes, il était là.
– Ah,
ben c’est bien, toi, au moins, t’es ponctuel. Bon alors,
maintenant tu te déshabilles. Tout, t’enlèves. Et tu me rejoins à
côté.
Quand
il est entré, qu’il s’est trouvé nez à nez avec Pauline et
Jessica, il a, d’instinct, ramené ses mains en coquille sur son
bas-ventre.
Elles
ont éclaté de rire.
J’ai
haussé les épaules.
– Allons !
Allons ! Qu’est-ce que c’est que ces pudeurs de jeune
fille ! Viens ici plutôt ! Là… En travers de mes
genoux. Sur lesquels il s’est docilement incliné. Je l’y ai bien
calé.
– Prêt ?
Il a
vaguement bredouillé quelque chose.
– Alors,
feu !
Et
je m’en suis donné à cœur-joie. Une bonne vieille fessée à la
main. Lancée de haut. Lancée de loin. À plein régime. Ça
claquait. Ça résonnait. Elles rougissaient à vue d’œil, ses
fesses. Et elles vivaient. Elles se contractaient, elles s’ouvraient,
elles se resserraient en cadence. Il a commencé doucement à se
plaindre. De plus en plus fort. De plus en plus profond. Et puis il a
crié. Sans la moindre retenue. Sans la moindre pudeur.
Je
l’ai laissé se relever.
– C’est
bon. Tu peux aller te rhabiller. Et rentrer retrouver ta femme.
Il a
trottiné jusqu’à la porte en se tenant les fesses.
On
l’a suivi des yeux, par la fenêtre, jusqu’à ce qu’il ait
disparu derrière la pharmacie.
– Ça
marche, n’empêche ! Ça marche à chaque fois.
– Et
ça marchera encore. Un mec marié, il est prêt à tout – absolument
tout – pour pas que sa femme sache qu’il le trompe.
– En
attendant, c’est quand même plus agréable quand ils sont jeunes,
comme celui-là, avec des petites fesses bien fermes.
– Oui,
et puis je sais pas vous, mais moi, quand le mec il est pudique,
comme c’était le cas là, je trouve que c’est beaucoup plus
agréable à regarder.
– Parce
que tu vois aussi sa gêne.
– Il
y a un truc que je voudrais te demander, Chloé, toi qui l’avais
sur les genoux. Il bandait ?
– Pas
du tout, non. Au contraire. C’était tout recroquevillé. Tout
rabougri.