– Coucou…
C’est moi…
Émilie…
– Je
t’avais dit que je te ferais signe…
– Oui,
mais t’avais aussi dit deux jours… Ça fait deux jours…
Pile-poil… Et je suis en manque… Alors, allez !
– Non,
attends !
– Attendre ?
Attendre quoi ? Tu vas pas encore remettre ça avec tes
histoires de devoirs de vacances… C’est pas parce qu’on va
passer une heure ensemble… T’auras bien le temps de bosser après
n’importe comment…
Elle
m’a poussé vers le lit… Fait tomber dessus… Couchée sur moi,
elle a cherché mes lèvres…
Elle
s’est nichée au creux de mon épaule…
– C’était
bon… Comment c’était bon… Pas toi ?
– Si !
Oui…
– Faut
dire qu’est-ce que j’avais envie aussi ! Et qu’est-ce que
j’ai encore envie !
On a
recommencé… Et on s’est endormis…
– Hein ?
Mais qu’est-ce que c’est que ça ?
Réveillé
en sursaut, je me suis précipitamment remis sur le dos… Ai tiré
drap et couverture sur moi…
– Non,
mais attends ! Fais voir ! Fais voir, j’te dis !
Elle
n’a eu de cesse qu’elle ne m’ait fait retourner… Ce que, de
guerre lasse…
– Mais
oui ! Une fessée tu t’es pris… Et une bonne ! Non,
mais c’est pas vrai que tu t’es pris une fessée ! C’est
qui ?
– C’est
rien… C’est personne…
Et
j’ai voulu me lever…
– Non,
non, non, non, non… Tant que tu m’auras pas dit… Dis-moi !
C’est qui ?
– Oh,
mais elle ! Tu te doutes bien…
– Qui
ça, elle ? La bonne femme qui te donne des cours ? C’est
trop, ça ! Et pourquoi elle t’en donne ? Pour te faire
bosser, ben oui, évidemment ! Et c’est pour ça que… Ah,
ben oui ! Oui… Je comprends mieux maintenant pourquoi t’es
aussi acharné à te plonger le nez dans tes bouquins… C’est que
t’as pas envie de t’en ramasser une… Comme quoi ça marche…
Avec toi ça marche… Mais ça, ça m’étonne pas… C’est bien
plus tôt qu’elle aurait dû te prendre en mains en fait… Ça
t’aurait évité de perdre ton temps… Et de redoubler à
tire-larigot… »
– Bon,
allez, faut que j’y aille…
– Non…
Attends ! T’as bien deux minutes… C’est pas l’heure…
Ça te fait mal quand je touche ? Et là ? Non plus ?
Et si j’appuie ? Ah, oui, hein ! Ça devait être pire au
début, non ? Qu’est-ce tu sentais ? Ça devait drôlement
brûler, non ? À quand ça remonte ? Deux jours… Ben
oui… Forcément puisque c’est deux jours que t’avais dit qu’on
resterait sans se voir… Sauf que c’est raté… Elles sont
restées les marques… Bien fait pour toi… Ça t’apprendra à
vouloir me cacher des trucs…Pourquoi tu voulais pas que je sache ?
T’avais honte, c’est ça ? Et là-bas, quand elle te le
fait, t’as honte ? Oui… Évidemment… Tu me dirais le
contraire… Comment ça se passe ? C’est elle qui te
déculotte ou bien elle veut que tu le fasses toi-même ?
– Je
vais être en retard… Cette fois je vais être vraiment en retard…
– Et
alors ? Elle t’attendra bien cinq minutes, non ?
– J’y
vais… Faut que j’y aille…
– Bien…
Alors comme convenu je suis allée trouver tes parents… Et nous
sommes tombés d’accord : tu poursuivras tes études dans le
même établissement que l’année dernière…
– Merci…
Oh, merci…
– À
charge pour moi de faire en sorte que tu réussisses ton année… Je
m’y suis engagée… Et j’ai bien l’intention d’y parvenir…
Donc, outre les dispositions que nous avons déjà prises, toi et
moi, concernant cette jeune fille, – et dont je ne leur ai
évidemment pas fait part… Cela ne nous concerne que tous les
deux – il a été décidé que tu te présenterais chez moi
tous les mercredis et tous les samedis, en début d’après-midi,
muni de ton carnet de correspondance, de ton cahier de textes et de
tous les travaux, dans toutes les matières, que tu auras réalisés
dans la semaine… J’aviserai alors sur pièces et déciderai de la
conduite à tenir…
– Est-ce
bien clair ?
Ça
l’était, oui…
– Autre
chose… Tu connais certainement Madame Lambredec…
– C’était
ma prof d’Histoire l’année dernière…
– C’est
également une vieille amie à moi… Je lui ai parlé de toi… Elle
va faire en sorte de te compter parmi ses élèves cette année
encore… Et elle me rendra compte, au jour le jour, de la façon
dont tu te comportes…
– Vous
lui avez dit ? Vous allez pas lui dire ?
– Que… ?
J’ai été amenée à utiliser, avec toi, des méthodes qui ont
fait leurs preuves ? Pas encore, non… Je ne le ferai que si
j’y suis contrainte par ton attitude ou tes résultats… À bon
entendeur…
– Alors ?
Elle t’en a mise une aujourd’hui ?
– Non…
– C’est
sûr, ça ? Tu me racontes pas encore une grosse menterie ?
Fais voir…