mercredi 28 mars 2018

Pauline, Jessica, Chloé et les hommes mariés (11)

Dessin de Mike:

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– Si tu nous expliquais un peu, Jessica ?
– Oh, il y a rien à expliquer. J’ai craqué, et puis voilà.
– C’est-à-dire ?
– Que j’ai recouché avec. Faut pas vous faire un dessin ?
– Capitulation sans conditions en somme.
– C’est plus compliqué que ça…
– Il quitte sa femme, cette fois ?
– On a beaucoup parlé.
– Ah, ça, il sait faire… Et alors ?
– Mais vous êtes vraiment sûres ?
– Que ? Qu’il est en chasse ? Je te mets les preuves sous le nez quand tu veux.
– Quand je pense à tout ce qu’il m’a dit.
– Il y a ce qu’on dit et puis il y a le reste…
– C’est vraiment le roi des salauds.
– Tires-en les conclusions qui s’imposent. À moins que tu préfères faire partie d’une collection…
– Ça va pas, non !
– Eh bien, alors !
– Oh, mais il perd rien pour attendre. Je peux vous dire qu’il perd rien pour attendre et que le jour où je vais déclencher les opérations…
– S’il arrive…
– Et peut-être plutôt que vous ne pensez.
– Oui, alors ça, on demande à voir.
– C’est tout vu…

En attendant, elle a voulu se défouler sur Lancelot.
– Puisque je l’ai sous la main. Et que, de toute façon, il adore ça. Allez, hop, je le sonne.
Un quart d’heure après, il était là.
Il a hésité. A commencé à déboutonner sa chemise. S’est arrêté.
– Qu’est-ce tu fais ?
– Je sais pas.
– Ben oui, c’est embêtant, hein ? Parce que si tu te fous à poil, ça ira pas. Et si tu le fais pas, ça ira pas non plus. Ah, c’est pas facile de contenter les nanas, hein !
Il est resté là, à attendre, bras ballants.
– Bon, ben alors, tu te décides ? Tu fais quoi ?
On a frappé.
– Ah, ça, c’est les deux filles du dessus. Tâche de pas me faire honte parce que sinon…
– Coucou, c’est nous ! Oh, mais c’est qu’elle est là, la perle rare…
– Qui s’est pris un bon petit panpan cucul dans l’escalier l’autre jour…
– Ah, t’étais trop drôle ! Qu’est-ce qu’on a ri !
– Surtout quand tu t’es mis à chanter. C’était de toute beauté. Tu sais que t’aurais pu faire carrière à l’opéra ? T’y as jamais pensé ?
– Non.
– Oh, mais il est encore temps, hein ! Ça te dirait pas ?
– Je sais pas.
– Surtout qu’il y a plein de nanas dans ces trucs-là. T’aurais que l’embarras du choix.
Jessica les a arrêtées d’un geste de la main.
– Lancelot a une copine. Et il est fidèle.
Elles ont éclaté de rire.
– Fidèle ! Ça existe pas, ça, un mec fidèle.
– Il vous en a poussé une grosse, là ! T’as pas honte, toi, d’aller inventer des histoires pareilles ?
– Mais non, mais…
– Mais quoi ? Regarde-moi ! Les yeux dans les yeux. Et jure-moi que t’as jamais trompé ta copine.
– Je vous assure…
– Tu nous prends vraiment pour des truffes, hein ! J’ai eu quatre mecs, jusqu’à présent, dans ma vie. Quatre. Et tous, je les ai plaqués parce qu’ils me trompaient. Tous. Sans exception. Plus ils me juraient que non et plus ils le faisaient. Pareil pour Lauriane. Le dernier, c’est encore tout chaud. Ça date d’il y a trois semaines. Soi-disant qu’il était en stage professionnel à Strasbourg alors qu’en réalité il était à Juan les pins. Avec sa maîtresse. Tu trouves ça normal, toi ?
– Non.
– Tu parles ! Et hypocrite en plus. Vous vous soutenez tous les uns les autres, c’est bien connu. Et Jessica ? J’ai parlé avec elle. Elle m’a raconté. Et ses deux copines, là. Je suis sûre que c’est pareil toutes les deux.
Ben oui, ça, on pouvait pas dire le contraire.
– Ah, tu vois ! Et toi, t’as le culot de venir nous dire que tu trompes pas ta femme ! Faut être sacrément de mauvaise foi, avoue !
– Je…
– Et il insiste en plus ! S’il y a quelque chose dont j’ai horreur, c’est bien des gens qui mentent de façon éhontée. S’il ne tenait qu’à moi, je peux t’assurer que je t’en ferais passer l’envie. Et sur le champ.
– Oh, mais ça, il y a rien de plus simple.
Et Jessica a ordonné.
– À poil ! Et plus vite que ça !
Il s’est empressé d’obéir. Il a tout enlevé. Tout abandonné à ses pieds. Et il nous a fait face.
Lauriane et sa sœur se sont penchées à l’oreille l’une de l’autre, se sont chuchoté quelque chose, ont éclaté de rire.
– Ça vous tente ?
– De ? De le corriger ? On dit pas non.
– Ce sera avec plaisir. Les menteurs, nous, on a horreur de ça.
Elles ont encore éclaté de rire.
– Regardez-le ! Non, mais regardez-le ! Ça le fait bander, ce salaud ! Et pas qu’un peu…
– C’est quoi qui te met dans cet état-là ? L’idée de te faire dérouiller par deux petites jeunes ? Oui, hein !
– Oh, mais t’inquiète qu’avec nous l’envie va vite t’en passer…
– Oui. Parce que, quand on aura pris soin de ton petit derrière, il sera plus du tout tenté de se redresser ton machin. Il fera profil bas. Bon, mais allez, assez de discours ! Tu commences, Lauriane ?
– Non, vas-y, toi ! Je m’occuperai des finitions.
– Alors, arrive, toi !
Il s’est docilement incliné, allongé en travers de ses genoux.
Elle lui a posé une main sur les fesses.
– Qu’est-ce tu disais déjà tout-à-l’heure ? Que t’as jamais trompé ta femme, c’est ça ? Tu peux répéter ?
Il s’est tu.
– Non ? Tu veux pas ? Tu préfères faire ta mauvaise tête ? À ta guise.
Et c’est tombé. À grands coups qui lui rebondissaient sur les fesses. Qui y claquaient tant et plus. Qui les lui coloraient en rouge profond.
Pauline a murmuré…
– Oh, la vache, comment elle y va, elle !
– Et puis elle est infatigable, on dirait.
Il a longtemps résisté et puis… d’abord des gémissements, suivis de hululements plaintifs. Un premier cri. D’autres. À plein volume. À plein régime.
Elle a encore accentué l’intensité des coups.
Il a hurlé. Supplié.
Elle s’est arrêtée.
– On va marquer une pause. Mais j’en ai pas fini avec toi. En attendant, va au coin. Les mains sur la tête. Allez !

mercredi 21 mars 2018

Pauline, Jessica, Chloé et les hommes mariés (10)

Dessin de Mike.

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On s’est voulu un petit resto toutes les trois.
– Qu’on fasse un peu le point sur tout ça…
Oui, mais d’abord, elle avait quelque chose à nous raconter, Jessica.
– Vous savez, les deux filles de l’autre jour, celles de l’étage du dessus…
– Oui. Eh, bien ?
– Elles sont venues me voir. Elles voulaient faire connaissance. « C’est vrai. On est voisines et on s’ignore. C’est complètement idiot, avouez, non ? » J’étais bien de leur avis. On a parlé. De choses et d’autres. Et puis elles en sont rapidement venues là où, depuis le début, elles voulaient en venir. Lancelot. C’était qui ce type ? Mon mec ? « Ça, non, il y a pas de risque. » Oui, ben, en attendant, comment je l’avais dérouillé ! Il allait pas pouvoir s’asseoir d’un moment. Et… il allait revenir ? « Oh, ça, sûrement, oui ! » Elles n’attendaient qu’une chose, en fait, c’est que je leur propose de descendre assister à la prochaine séance. Voire même, de participer.
– Et tu l’as pas fait ?
– Bien sûr que si ! Et elles étaient absolument ravies
– Mais c’est qui, ces deux filles au juste ?
– Deux sœurs d’une vingtaine d’années. Deux étudiantes qu’apparemment tout ça a singulièrement amusées. Parce que les hommes leur ont fait tout un tas de misères, si j’ai bien compris. Comme à beaucoup d’entre nous. Et qu’elles leur gardent, à tous dans leur ensemble, un chien de leur chienne. D’ailleurs, elles ne sont pas complètement novices en la matière : il y a un jeune de leur entourage sur lequel elles ont barre – elles m’ont promis de m’expliquer pourquoi – et qu’elles obligent régulièrement à se punir devant elles.
– Oui, ben je sens qu’il a pas fini de morfler notre petit Lancelot.

S’agissant de lui, justement, Pauline avait de sérieuses réserves à émettre.
– Je suis pas franchement certaine qu’il soit la meilleure personne devant qui fesser Luc.
– Parce que ?
– Parce qu’il reçoit aussi. Que, du coup, ils vont être en empathie tous les deux. Et c’est pas vraiment le but recherché.
– Elle a pas tort.
– Non. Ce qu’il nous faut, c’est quelqu’un qui soit délibérément vexant. Qui le montre. Qui le dise. Qui le fasse sentir. Et je vois pas franchement Lancelot dans le rôle.
– Eh ben, faut trouver quelqu’un d’autre. Tu t’en occupes, Chloé ?
– Pourquoi moi ?
– Parce que tu fais ça bien. Tu sais tourner les phrases.
– Et puis t’as le flair en plus ! Tu sens tout de suite si ça peut le faire ou pas.

Il y avait encore autre chose.
– Quoi, Pauline ?
– Depuis qu’on s’est lancées là-dedans, vous trouvez pas que c’est un peu maigre les résultats ? Parce qu’à part Luc, justement…
– Et Lancelot…
– Qui compte pas. Parce qu’il adore ça se faire tanner le cul. Ce qui correspond absolument pas à notre projet initial.
– Et alors ? Tu proposes quoi ?
– Qu’on relance la mécanique…
– Et je sens que ça va encore être pour ma pomme…
– Ben oui, Chloé, forcément ! Tu fais ça tellement bien…

Et je m’y suis collée. En sériant les problèmes. D’abord Luc. Il nous fallait un « moqueur » pour lui. Que j’ai fini par dénicher, après moult tentatives infructueuses. Sa femme, après l’avoir trompé pendant des années, venait de prendre la poudre d’escampette avec un autre. Il était remonté comme une pendule contre l’adultère en général et ceux qui le commettaient en particulier. Alors voir corriger un type qui prenait un malin plaisir à aller nicher dans le nid des autres, ah, oui, alors ! Et plutôt deux fois qu’une. Et même, s’il le fallait, il était prêt à manier lui-même le fouet, le martinet ou tout autre instrument qu’on souhaiterait. Et ce serait de bon cœur.

– Et pourquoi pas ?
Elles n’avaient rien contre, les filles !
– Oui, ça peut être amusant !
– Et, pour le reste, t’as trouvé quelque chose ?
– Deux choses même !
– Ben, vas-y, quoi ! Raconte !
– D’abord un type précautionneux que le diable ! Qui marchait sur des œufs. Qui faisait un pas en avant, deux pas en arrière. Que j’ai fini par secouer. Bon, mais c’était quoi, le problème ? Il était marié, c’était ça ? Non, parce que s’il était marié, moi, je mangeais pas de ce pain-là. Alors là, pas question. Il m’a juré ses grands dieux que non. Non, c’était pas ça. Seulement il avait une situation très en vue. Il pouvait pas se permettre de faire n’importe quoi. Ah ! Et c’était moi le n’importe quoi ? Sympa ! Il a essayé de se rattraper aux branches comme il a pu. Je lui ai battu froid quelques jours. Ai fini par me montrer conciliante. Il a repris espoir. J’ai voulu une photo. Il a tergiversé. Différé. Bon, mais allez ! Le mieux, c’était d’en rester là. Chacun sa route. Le lendemain, je l’avais en pièces jointes dans ma boîte mail. Et alors, là… Là, je vous le donne en mille…
– C’était le président de la République.
– Mieux que ça ! Non, mais, à votre avis, quelles sont les probabilités pour que, sur un site comme ça, on tombe sur un type qu’habite à cinq cents mètres de chez soi ?
– On le connaît ?
– Un peu que vous le connaissez…
– C’est qui ? Ben, accouche, quoi !
– Duroc.
– Duroc ? Le banquier ?
– Lui-même.
– Il est marié.
– Je sais bien, oui.
– Le salaud ! Non, mais quel salaud ! Oui, ben alors, lui, faut qu’il mange ! Il va voir s’il peut, comme ça, continuer à me casser les bonbons pour douze euros de découvert.
– Quand je pense que, moi, il m’a refusé mon prêt sous prétexte que j’avais pas un boulot suffisamment stable. Je t’en ficherais, moi ! Oh, mais on va le soigner. Vous inquiétez pas qu’on va le soigner !
– On l’opère comment ?
– Le mieux, c’est de laisser Chloé continuer à s’occuper. Et quand c’est mûr, qu’il lui file un rancart, on avise…
– Le connaissant, comme je le connais maintenant, ça risque de mettre un moment.
– On s’en fiche. On n’est pas pressées.
– Et de se passer à trois cents kilomètres d’ici…
– Eh ben, ça nous fera voir du pays.
– Et la deuxième. De deux choses t’avais parlé…
– Je suis aussi tombé sur l’ex de Jessica.
– Sylvain ?
– Sylvain, oui ! Il cherche…
– C’est pas vrai ! T’es sûre ?
– Certaine.
– Quelle petite ordure ! Non, mais quelle petite ordure !
– Tu t’en fous de lui, maintenant.Tu l’as largué.
– Oui. Enfin, non. Je vous ai pas dit. On s’est revus. Et il m’a juré que… Et merde, tiens ! Merde !


mercredi 14 mars 2018

Pauline, Jessica, Chloé et les hommes mariés (9)

Dessin de Mike:

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Ce qu’elle aurait aimé Jessica…
– Mais vous allez pas vous vexer au moins, les filles ?
– Dis toujours…
– Le Lancelot, là… Qu’on a dit que j’allais prendre à mon service…
– Oui… Eh, bien ?
– Je préfèrerais, si ça vous ennuie pas, être toute seule avec. Au moins la première fois. Je me sentirais beaucoup plus à l’aise.
– Oh, mais il y a pas de problème. C’est comme tu le sens !

Elle nous a fait, le lendemain, un rapport enthousiaste.
– C’est du beurre, ce type ! Du beurre ! On en fait ce qu’on veut.
– Et tu t’en es pas privée…
– Oh, ben non, attends ! J’aurais été bien conne.
– Bon, mais si tu nous racontais, plutôt !
– J’ai attaqué direct. Parce que je me suis dit que si je commençais à tergiverser, j’étais fichue. J’aurais un mal fou à redresser la barre. Alors à peine il a eu passé la porte que je lui ai envoyé deux beignes. Et pas des petites. « Qu’est-ce qu’on dit ? » Il m’a regardé d’un air ahuri. Et vlan ! Une autre. « Alors ? Qu’est-ce qu’on dit ? » Son visage s’est illuminé d’un coup. « Merci » « Ah, ben c’est pas trop tôt. Merci, qui ? » « Merci, Madame. » Je lui en ai encore balancé une. Accompagnée d’un haussement d’épaules. « Madame ! C’est d’un conventionnel ! Pourquoi pas Maîtresse aussi tant que tu y es ? Non. Pour toi, je serai « Votre Seigneurie » ou « Votre Altesse » selon mon humeur du moment. Compris ? » « Oui, votre Altesse. » Encore une gifle. À toute volée. Pas de chance ! Aujourd’hui, c’est Votre Seigneurie ! Bon, mais qu’est-ce que t’attends ? Désape-toi ! Faut vraiment tout te dire à toi, hein ! » Il s’est empressé de le faire. Et il est resté là, tout nu, les yeux baissés, devant moi. Je suis partie d’un grand fou rire. Il était vraiment trop drôle comme ça ! Un fou rire qui s’est indéfiniment prolongé. Pour sa plus grande confusion.
– Ce qui le faisait bander, je suis sûre.
– Oh, non, non ! C’était plutôt le contraire. Il était tout rabougri, son machin. J’ai eu beau le solliciter un peu, du bout du pied, il y a rien eu à faire.
– Et après ?
– Après ? Je l’ai passé à la question. Il faisait quoi chez lui ? La cuisine ? « Non ». Le ménage alors ? Pas davantage. La lessive non plus. Ni les courses. Ni le repassage. « Oui, toute une éducation à refaire, quoi ! » Je l’ai installée à la table de la cuisine, du coup. À éplucher des pommes. Des monceaux de pommes de terre. Il n’a fait que ça. Éplucher. Tout l’après-midi.
– Sans qu’il proteste ?
– J’aurais bien voulu voir ça, qu’il proteste ! Alors là !
– Et pour finir ?
– Je l’ai congédié.
– Sans même une petite fessée ?
– Ah, ben non, non ! Il en avait bien trop envie ! Mais je la lui ai promise. Pour la prochaine fois. Quant à savoir si je tiendrai ma promesse, ça, c’est une autre histoire. Je verrai.
– Et tu le revois quand ?
– J’ai pas encore décidé. Quand ça me toquera.
– Et ça te toquera bientôt, j’imagine…
– Je sais pas. Dans un sens, oui, j’ai bien envie. Mais dans l’autre, plus je le ferai mariner, plus il sera à ma botte…
– En douce que t’en as fait du chemin depuis Sylvain…
– C’est à lui qu’il faudrait que tu t’en prennes maintenant. À lui qu’il faudrait que tu fasses subir le même sort. Tu tiendrais ta vengeance.
– J’y pense des fois.
– C’est pas seulement d’y penser… T’as toutes les cartes en mains. Le jour où tu vas décider de passer à l’action, tu vas jouer sur du velours.
– Je sais, oui. C’est bien pour ça que je m’entraîne. Sur Lancelot. Mais venez demain ! Il sera là. On va bien s’amuser.

Sur le pas de la porte, il a fermé les yeux. Dans l’attente d’une baffe qui n’est pas venue. Dont elle ne l’a gratifié que dans le séjour. Quand il ne l’attendait plus.
– Merci, Votre Altesse !
Une autre. À toute volée.
– Votre Seigneurie. Aujourd’hui, c’est Votre Seigneurie…
– Merci, Votre Seigneurie !
Et il s’est déshabillé. En pliant bien soigneusement ses vêtements, au fur et à mesure. Et en les déposant, tout aussi soigneusement, sur la petite table basse devant la télé.
Elle l’a laissé faire. Jusqu’au bout. Et puis :
– Non, mais ça va pas ? Qu’est-ce qui te prend, Lancelot ?
– C’est vous qui m’avez dit…
– Qui t’ai dit quoi ?
– De me mettre tout nu. Dès que j’arrive ici.
– Mais pas quand il y a mes amies. Tu peux comprendre ça quand même, non ? Ou alors c’est que t’es complètement idiot.
– J’avais pensé…
– Oui, eh bien, arrête de penser. C’est pas dans tes cordes. Non, mais tu n’as pas honte ? Infliger, comme ça, à tout un chacun, le spectacle de ton ventre flasque et de tes ridicules petites coucougnettes.
– Je suis désolé.
– Ah, tu peux…
Il a voulu reprendre ses vêtements sur la table basse.
– Qu’est-ce tu fais ?
– Ben, je me rhabille.
– Quelqu’un te l’a demandé ?
– Ben, non, mais…
– Tu en prends bien à ton aise, moi j’trouve, aujourd’hui… Il est temps d’y mettre bon ordre… Et tiens, ça tombe bien, puisque t’es à poil, je vais t’en coller une. Au battoir, cette fois. On verra si tu fais autant le fier. Va me le chercher. Il est dans la cuisine. Premier tiroir.
Il l’a ramené, le lui a tendu.
– Eh bien, mets-toi en position. Qu’est-ce t’attends ?
Il s’est docilement penché.
Pauline a fait remarquer…
– Il va brailler avec ça, non ?
– Il y a toutes les chances, oui.
– Ce serait pas mieux sur le palier, du coup ? Que tout le voisinage en profite ?
– Excellente idée ! Non, mais alors là, excellente idée ! Allez, amène-toi, toi !
Il l’a docilement suivie. Jusqu’au bas de l’escalier qui menait à l’étage supérieur.
Elle l’a coincé sous son bras et elle a aussitôt tapé. À grands coups de battoir qui lui résonnaient sur le derrière. Qui s’y inscrivaient en larges plaques rouge vif et qui, très vite, lui ont arraché des cris d’orfraie.
À l’étage il y a eu des rires. Moqueurs. Et puis des voix. Féminines.
– Ah, tu vois, c’est un mec. J’t’avais dit !
– Un castrat alors ! Vu comment il chante…
– Je crois pas, non ! Il en a deux qui pendent.
– En tout cas, qu’est-ce qu’il se ramasse !
Jessica a mis fin. À regret.
– Il a son compte.

mercredi 7 mars 2018

Pauline, Jessica, Chloé et les hommes mariés (8)

Dessin de Mike:

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– Bon, alors qu’est-ce qu’on fait pour Luc ? On est lundi. Il nous attend sûrement. Fidèle au poste. Comme tous les lundis. Puisqu’on lui en a donné l’ordre.
– Ah, ça, il y a pas de risque qu’il nous fasse faux bond. Il a bien trop peur qu’on mette notre menace à exécution. Et sa femme au courant.
– À quelle sauce on va le manger aujourd’hui ?
– Ce qu’on pourrait peut-être, c’est faire venir Lancelot et lui en coller une devant lui ?
– Ah, ça, le connaissant, il va pas du tout aimer.
– Justement ! Raison de plus.
J’ai fait la moue.
– Déjà ! Vous croyez ? On pourrait peut-être le laisser d’abord mariner un peu, non ? Se contenter de le lui annoncer. Qu’il ait le temps de bien appréhender.
– Le pauvre !
– S’il trompait pas sa femme de façon aussi éhontée, on serait pas obligées d’en arriver à ces extrémités.
Pauline avait une autre idée.
– Non, je vais le mettre sur le gril. J’adore quand il se sent en faute et qu’il prend son petit air penaud. Ça me motive d’une force, après, pour le punir.
– T’aimes toujours autant ça, hein ?
– Plus que jamais.

Il était effectivement là.
– Alors, mon petit Luc, déjà à pied d’œuvre ? T’aurais pu en profiter pour te désaper. Ça nous aurait fait gagner du temps. Oui, oh, ben laisse maintenant ! Je vais m’en occuper. Ça me distraira. Et les copines aussi. Allez, lève les bras. Qu’est-ce t’as fait cette semaine ? T’as encore essayé de prendre tout un tas d’innocentes victimes dans tes filets, je suis sûre.
– Oh, non ! Non !
– Menteur ! C’est plus fort que toi. Tu peux pas t’en passer ! Lève la jambe ! L’autre maintenant. Tu ferais beaucoup mieux d’avouer. Parce qu’on sait beaucoup de choses sur toi. Presque tout. Eh oui, on a nos informatrices. T’as beau changer sans arrêt de pseudo, explorer de nouveaux sites, t’es quand même suivi à la trace. Eh oui, mon cher ! Voilà ce que c’est de toujours faire les mêmes fautes d’orthographe. Et des fautes très caractéristiques. Alors, je te repose la question. C’est quoi ton tableau de chasse de la semaine ?
– Mais non, mais…
– Maintenant, si tu préfères, on peut prendre contact avec ta petite femme. Qui sera certainement ravie d’apprendre à quoi tu passes ton temps. Et avec qui.
– Il y a juste eu…
– Ah, tu vois quand tu veux. Quoi ?
– Dorothée.
– Le slip, maintenant. Là ! Et tourne-toi un peu. Qu’elles puissent profiter de toi sous toutes les coutures, mes copines. Oui, alors tu disais ? C’est qui, cette Dorothée ? Elle a quel âge ?
– Trente-sept.
– Elle travaille ?
– Non, mais son mari, oui. Il est représentant de commerce.
– Voyez-vous ça ! T’as flairé le bon coup, hein, espèce de petit vicieux. Le mari absent. La femme en manque.
– On s’est juste vus, comme ça, vite fait, au café. Il y a encore rien eu.
– Mais tu fais tout ce que tu peux pour qu’il y ait. C’est pas vrai peut-être ?
Il n’a pas répondu. Il a gardé les yeux obstinément baissés.
– Quinze coups de fouet. Qu’est-ce que vous en pensez, les filles ? Ça vous paraît raisonnable comme tarif ?
Moi, oui. Ça m’allait tout-à-fait. Mais Jessica, elle, aurait bien vu qu’on en rajoute une dizaine.
– Il y aura d’autres occasions. Peut-être même pas plus tard que tout-à-l’heure. Allez, on l’opère. À genoux, toi. Les mains sur la tête.
Elle a distillé ses coups très lentement, à pleines fesses, ménageant, entre chacun d’eux, un intervalle d’une bonne vingtaine de secondes. Il les ponctuait, chaque fois, d’un gémissement haut perché.
– Quelle doudouille tu fais ! Bon, et après…
– Après ?
– Ben oui, après… Tu t’es pas contenté de Dorothée. Ce serait trop beau. Il y en a eu d’autres.
– Je vous assure…
– Mon petit doigt me dit que t’es allé traîner tes guêtres du côté de la fac. Non ? Il se trompe ?
– J’y suis passé. Vite fait.
– Et tu voulais nous cacher ça ? Tu sais que c’est pas bien du tout ?
– J’y pensais plus.
– Mais bien sûr ! Et alors ? Tu t’en es pris aux petites étudiantes. C’est ça, hein ?
– J’ai discuté avec. Seulement discuté.
– Et tu leur as raconté quoi ? Que t’étais un grand spécialiste de l’archéologie sous-marine ? De la tectonique des plaques ? De la littérature du XVIIIème siècle ? Tu leur as proposé de les aider dans leurs études ? Eh bien, réponds !
– Ma mère était espagnole.
– C’est un sacré atout, ça. Et il y en a qu’ont mordu à l’hameçon ?
– Il y en a une qu’est en troisième année de licence et qu’arrive toujours pas à attraper vraiment l’accent.
– Et t’as sauté sur l’occasion. T’es vraiment incorrigible, toi, hein ! T’as quel âge ?
– Cinquante.
– Et, à cinquante ans, ça te dérange pas de courir derrière des gamines de vingt ans ? Tu devrais avoir honte. Honte.
On a fait chorus, Jessica et moi.
– C’est vraiment dégueulasse…
– Et il s’en vante en plus.
– Là, ça mérite bien vingt coups. Facile…
– Et même peut-être pas tout seuls. J’irais jusqu’à vingt-cinq, moi. Voire même trente.
– Trente. Et c’est vous qu’allez les lui donner, les filles ! La moitié, pour commencer. L’autre moitié, ce sera pour lundi prochain. Parce qu’on t’a pas encore dit à toi, mais lundi prochain, il y aura un invité. Un charmant petit jeune homme que ça va beaucoup amuser de te voir tanner le derrière. Ça te plaît ? T’es content ?
– Pas trop, non.
– Tu sais quoi ? Ben, on s’en fiche. Royalement. Parce que tant que t’auras pas changé ton comportement, t’auras pas ton mot à dire. C’est nous qu’on décidera. À ce propos d’ailleurs, attends-toi à ce que, prochainement, on te convoque aussi le jeudi. En plus du lundi. Et tu sais pourquoi ? Parce que, comme ça, t’auras le croupion rougi en permanence. Et que c’est pas franchement le meilleur cas de figure pour conclure. Tu vois qu’on pense à toi. Plus question de te laisser faire n’importe quoi. Et ce, dans ton intérêt. Bon, mais allez ! Assez discuté. Vous lui donnez ses quinze coups, les filles ? On n’a pas que ça à faire.
Un martinet chacune. Et on a tapé. Un coup chacune. En alternance. À toi. À moi. De plus en plus fort. L’émulation. Il a serré les dents. N’a crié qu’à la fin. Tout à la fin.

Comment elle avait fait Pauline pour savoir pour cette Dorothée ? Elle avait vraiment mené une enquête ?
– Penses-tu ! J’y suis allée au flan.
– Et pour la fille de la fac ?
– Pareil.
– T’as sacrément pris le pas sur lui, n’empêche !
– Et, apparemment il y prend goût. De plus en plus.