mercredi 25 septembre 2013

Nollwen, Marta et Bastien ( 9 )



– Il a été courageux quand même…
– Il avait pas le choix… T’imagines s’il avait crié… Tout l’étage rappliquait…
– Il y a qu’à la fin… J’ai bien cru qu’il allait pas pouvoir s’empêcher…
– Oui… On aurait un peu insisté…
– Le pauvre ! On l’a pas ménagé quand même...
– Tu vas pas le plaindre ! Alors là ce serait la meilleure… Un type comme ça il a que ce qu’il mérite… Après tout ce qu’il a raconté sur notre compte… La façon dont il me traite depuis des semaines… Plus ce truc qu’il a fait… Qu’on sait pas trop au juste, mais qui doit être hyper grave… Ah, non, non ! Je vois vraiment pas pourquoi on lui ferait des cadeaux…
– Tu t’en es donné à cœur joie en tout cas…
– Pour une fois que j’ai l’occasion…
– T’adores ça en fait, hein, taper sur un mec…
– C’est la première fois que je le fais…
– C’est pas vrai ! Et ben je peux t’assurer qu’on dirait pas… Quand on te voit à l’œuvre on a vraiment l’impression que t’as sacrément l’habitude…
– Je l’ai pas… Et puis en même temps je l’ai quand même dans un sens…
– C’est-à-dire ?
– C’est-à-dire que ça fait un moment que j’en regarde des films là-dessus… Des femmes qui battent des hommes… Toujours dans ce sens-là… Jamais dans l’autre… Ça m’a toujours fascinée… Sans que je comprenne trop pourquoi… Sans que je me pose vraiment la question… Je me disais que c’était du cinéma… Des actrices qui jouaient… Mais que personne – aucune femme – pouvait prendre vraiment du plaisir à ça… Impossible… Jusqu’au jour où je suis tombée sur l’interwiew d’une de ces actrices justement qui expliquait tranquillement que certes c’était son métier, mais qu’elle prenait un pied pas possible à fesser et fouetter ces messieurs… Que c’était quelque chose dont il lui aurait été désormais très difficile de se passer… Une révélation pour moi… Je me suis procuré au plus vite tous les films de cette actrice… Je me les suis repassés en boucle… J’y ai consacré des soirées entières… Rivée à son visage à elle… Le scrutant… Chaque expression… Chaque mimique… Chaque regard… Pour voir… Pour savoir… Jusqu’à ce que je finisse, au bout du compte, par m’identifier complètement à elle… C’était moi qui tapais… C’était moi qui fouettais… Et j’y prenais un plaisir, mais un plaisir !
– Eh ben dis donc !
– C’en est pas resté là… Parce que je me suis mise à convoquer des hommes dans mes rêveries… Ceux de mon entourage… Des inconnus… Parfois des célébrités… Il suffisait qu’on se montre désagréable avec moi, méprisant, qu’on me fasse une réflexion désobligeante ou même, simplement, qu’on me bouscule sans le faire exprès et on y avait droit… Le soir même on se prenait une de ces corrections… Et je peux te dire que je n’étais pas tendre… Mais jamais, au grand jamais, je serais allée imaginer qu’un jour ce serait « pour de bon »… Qu’il y en aurait un qui me tomberait entre les pattes… Alors celui-là je peux te dire que je suis pas près de le lâcher… Ah, non alors ! Surtout qu’il a trente ans de plus que moi… En plus ! Bon, mais… Et toi ?
– Moi ?
– Ben oui, toi… C’est ton truc ça ou pas ? Parce que je sais pas, mais on peut pas dire que tu te sois fait prier… T’as accepté tout de suite quand il t’a demandé… Et après t’as pas laissé ta part aux chiens…
– Disons qu’au début j’ai cru à un simple jeu entre eux… Ils avaient besoin de spectateurs… Alors... Pourquoi pas ? Ça pouvait être amusant…
– Seulement c’est pas vraiment un jeu…
– Pas vraiment, non…
– Et pourtant…
– Je sais, oui…
– Comment t’expliques ça ?
– Disons que ça me fascine… Que je me demande comment ça va tourner tout ça… Si elle va mettre ses menaces à exécution… Comment lui il va réagir… Dans toutes sortes de directions ça peut partir… Je laisserais ma place pour rien au monde…
– Et quand tu tapes ?
– Alors ça, c’est vraiment LA grosse question pour moi… Parce que je sais pas… J’éprouve tellement de choses contradictoires que j’ai un mal fou à m’y reconnaître…
– Ça va se décanter sûrement… Au fil du temps ça va se décanter…
 – J’espère…  

mercredi 18 septembre 2013

Le Centre2 ( 29 )



– Ah, tiens, Sonia ! Quel bon vent t’amène ? T’as vu Audrey, c’est ça, et…
– Non, je l’ai pas vue, non… Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il y a avec Audrey ?
– Rien… Non… Rien… En tout cas c’est gentil de passer nous voir…
– Je dois reconnaître… Pour être honnête… Que c’est un peu intéressé…
– T’as des ennuis d’argent ?
– Oh, non ! Non… De ce côté-là tout baigne… Non… Ce serait plutôt… Je peux compter sur vous ? Ça va rester strictement entre nous ?
– Tu sais bien… Je vois même pas pourquoi tu poses la question…
– C’est avec Louis… Ça va pas… Enfin si ça va… Ça va même très bien… Il est très attentionné… Il me couvre de cadeaux… On s’entend sur plein de choses…
– Mais ?
– Mais sur le plan sexuel c’est pas vraiment ça qu’est ça…
– Prends un amant…
– J’ai déjà donné, merci… Chaque fois c’est des ennuis à n’en plus finir…
– Et donc… si je comprends bien… ce que tu voudrais c’est que Patrice passe sous la table, comme l’autre jour, et que…
– Oui… Enfin non ! Pas tout-à-fait… Pas vraiment… Ce que je voudrais plutôt…
– C’est t’en servir carrément…
– Voilà, oui…
– Oh, mais c’est pas un problème, ça ! On est partageuses avec Marjorie… Il est là… À côté… Va te servir… Copieusement… Mais laisses-en quand même aux autres…



– Je te présente Léonard, Nollwen… Ce gentil garçon dont je t’ai parlé… Dont je fais ce que je veux… Absolument tout ce que je veux…
Elle l’a dévisagé avec intérêt… Et un peu d’amusement…
Il a baissé les yeux… Rougi…
– Je vais vous laisser bavarder un peu tous les deux… Que tu te fasses une idée… Tu peux lui poser toutes les questions que tu veux… Absolument toutes… Et toi, t’as intérêt à dire la vérité… À rien cacher… Sinon… Sinon je peux t’assurer que la correction que tu vas prendre tu vas t’en souvenir un moment…

– Alors ? T’en penses quoi ?
– C’est fou… C’est complètement fou…
– Bon, mais tu peux rentrer, mon petit Léonard… On n’a plus besoin de toi…
– Non, mais c’est vrai, c’est fou… C’est complètement fou…
– Je te l’avais dit… Je te l’avais pas dit ?
– Si… Oui…
– T’aimerais le voir à l’œuvre ?
– Ah, ben ça ! Je dois bien reconnaître…
– C’est facile… Suffit que tu te pointes à la maison… Va bien falloir n’importe comment… Parce que je l’avais prévenu… S’il te cachait quoi que ce soit…
– Mais il m’a rien caché… Je crois pas du moins…
– Ça on s’en fiche… Si on a envie de croire qu’il t’a caché quelque chose… eh bien il t’a caché quelque chose… Ça mérite une bonne fessée… Et devant toi… Puisque c’est à toi qu’il a menti…
– Vu comme ça…
– Tu passes quand tu veux…
– Je voulais aussi vous demander… J’ai cru comprendre… Qu’il y avait pas que lui chez vous…
– En effet, oui… Il y a un autre… À usage purement sexuel… Ce qui souvent dépanne bien… Et un troisième que j’ai attelé à l’écriture d’un bouquin…
– Mais comment vous faites ? Pour les avoir… Pour les trouver…
– Suffit de se baisser pour les ramasser… À la pelle il y en a…



– Qu’est-ce qu’il y a, mon petit Bastien ? Qu’est-ce t’as à tourner comme un lion en cage…
– Rien… J’ai rien… Enfin si ! Je voulais vous demander…
– Tu sais que j’ai horreur que tu me poses des questions…
– Oui… Je sais, oui, mais là…
– Bon… Je t’écoute…
– Je vous ai vue tout-à-l’heure en sortant du boulot… Vous étiez au café… Avec Nollwen…
– Oui… Et alors ?
– Ben alors…
– Tu prétends tout de même pas savoir ce qu’on s’est dit ?
– Non… Non… Mais juste si vous lui avez parlé du bouquin… De moi…
– Ça te regarde absolument pas… Retourne travailler… Je viendrai m’occuper de ton cas tout à l’heure…

mercredi 11 septembre 2013

Nollwen, Marta et Bastien ( 8 )



Quand je suis arrivée, Nollwen descendait de voiture…
– Il doit être dans ses petits souliers notre Bastien…
– Ah, ça, c’est sûr… Sous pression d’une force…
– Toute la matinée toute seule avec lui… Je sens que ça va être quelque chose… Mais passe là-haut ! Tu passeras ? Qu’on s’amuse un peu !
– Je viendrai faire un tour, oui…

– Ah, Marta… Tu tombes bien… Il y a un truc sur Excel j’y arrive pas…
– T’as ton maître de stage, là…
– Lui ? Il est complètement incompétent… En plus je sais pas ce qu’il a ce matin… Je le reconnais pas… D’habitude il y a jamais rien qui lui va…  Il arrête pas de gueuler… De me traiter de feignasse… De fausse couche intellectuelle… J’ai droit à tout… Plus bas que terre il me met… Mais là… rien… À croire qu’il est malade…
– Il y a sûrement une raison…
– Ah, ben ça !
– Et je la connais, moi, la raison…
– Ah, oui ? C’est quoi ?
– Qu’elle lui a foutu une bonne correction hier soir sa femme…
– Non ? C’est pas vrai !
– Eh, si ! Elle a découvert qu’il avait fait des pieds et des mains pour coucher avec nous… Alors du coup…
– Bien fait ! Ça lui apprendra… Mais quand même ! Qu’elle lui ait flanqué une volée j’ai du mal à y croire…
– Et pourtant… Oh, mais il va te montrer… Il va te montrer, tu vas voir…
– Il a pas l’air vraiment décidé…
– Pas ici ! Je vous en prie, pas ici…
– Il a retrouvé la parole, c’est déjà ça…
– Et pourquoi pas ici ?
– Parce que… si quelqu’un vient…
– C’est pas notre problème… Nous, ce qu’on veut juste, c’est voir comment elles ont changé les couleurs depuis hier soir…
– Allez, un bon mouvement, quoi ! Et arrête de fixer cette porte comme si elle allait te sauter dessus…
– Il y a rien à faire, on dirait… Il veut pas…
– Il devrait pourtant… Il devrait…
– Ben oui, parce qu’elle le sait pas encore sa femme que la Patricia Rodinge il a vraiment couché avec…
– Qu’il couche encore avec d’ailleurs…
– Et si elle l’apprenait… Alors là si elle l’apprenait…
– Elle pourrait, hein ! Suffirait qu’on lui dise…
– Ça a pas l’air de l’émouvoir plus que ça…
– Peut-être qu’il en est plus à une volée près…
– C’est pas la peine… On perd notre temps… Bon, ben tu sais pas ? Moi, je vais descendre à la machine à café plutôt… Et leur raconter aux autres dans quel état il est son petit cul… Je suis sûre que ça va les intéresser…
– Je t’accompagne…
– Non… Attendez ! Attendez !
– Ah… Il deviendrait raisonnable ?
– Mais oui ! Il suffit de trouver les bons arguments… Allez, tu le baisses ton bénard sinon…
– Eh ben voilà !
– Quel joli camaïeu, dis donc ! C’est nous qu’on a réussi à faire ça ? J’en reviens pas…
– Sa femme nous a bien aidées quand même…
– En attendant je sais pas ce que toi, t’en penses, mais moi je trouve qu’avoir fait sa mauvaise tête comme il l’a fait là, pendant dix minutes, à pas vouloir se déculotter, ça mérite…
– Un peu que ça mérite… Tu commences ou je commence ?
– Vas-y !
– Vous allez pas faire ça ! Pas ici ?!
– Il va pas remettre ça ?
– Ça m’en a tout l’air…
– Bien sûr que si on va le faire… Et pas plus tard que tout de suite…
– Oh, non ! Et si quelqu’un rentre ?
– Mais c’est une obsession ! Bon… Mais on va fermer la porte à clef si ça peut te rassurer… À toi de pas ameuter tout l’étage en beuglant par contre… Ce qui sera pas forcément facile… Parce que tu vas morfler…